"AIE... J'AI MAL!"




Douleur chronique et psychomotricité : quand le corps crie, le mouvement répond…


Imaginez votre corps comme une maison. Une belle maison avec plein de pièces, des couloirs, des fenêtres… et un tableau électrique qui gère toutes les lumières : la douleur, la détente, le mouvement, l’équilibre.


Mais quand la douleur chronique s’installe, c’est comme si une alarme se mettait à sonner en continu. Une alarme parfois floue, parfois violente, qui finit par brouiller les circuits. Résultat : on évite certaines pièces, on ferme des portes, on vit dans un coin, recroquevillé·e… On rétrécit son territoire corporel.



La douleur chronique, c’est quoi exactement ?


Ce n’est pas juste “avoir mal”. C’est avoir mal longtemps, souvent sans raison visible, et voir cette douleur s’installer dans le quotidien. Elle peut venir d’une blessure ancienne, d’un syndrome inflammatoire, d’une tension musculaire persistante, ou même apparaître sans cause précise (fibromyalgie, douleurs neuropathiques…).


Petit à petit, on bouge moins. Le corps se raidit, les muscles fatiguent, l’équilibre se dérègle… et parfois, la peur du mouvement s’installe : “Si je bouge, j’aurai encore plus mal.”


Et le schéma corporel dans tout ça ?


Le schéma corporel, c’est la carte intérieure de notre corps. C’est ce qui nous permet de savoir que notre bras est levé même sans le regarder, ou de marcher dans le noir sans tomber. Il se construit par nos expériences, nos gestes, nos ressentis.


Mais en cas de douleur chronique, cette carte peut devenir floue :

On “oublie” certaines zones douloureuses,

On les “surveille” trop, comme un détecteur de fumée hyperactif,

On ne se fait plus confiance dans le mouvement.


On n’est plus chez soi dans son corps.


Anecdote : Sophie et son “coussin invisible”


Sophie, 39 ans, souffre de douleurs lombaires chroniques. À chaque séance, elle s’assied très doucement, avec mille précautions. Elle dit souvent :


“J’ai l’impression d’avoir un coussin invisible dans le dos… Si je bouge trop vite, il va exploser.”


Pendant les séances, on a exploré doucement le mouvement avec des balles, des coussins réels, des exercices de respiration et d’ancrage. Et un jour, elle m’a dit en riant :


“Je crois que mon coussin invisible a pris des vacances !”

Ce jour-là, elle s’est redressée avec fluidité, sans y penser. C’était la première fois en deux ans.


La psychomotricité : pour réinvestir son corps en douceur


La psychomotricité ne fait pas “disparaître” la douleur. Mais elle aide à changer sa place, sa forme, son impact sur la vie.


On travaille quoi, concrètement ?

La conscience corporelle : ressentir sans juger, retrouver des sensations oubliées.

La respiration : grande alliée contre les tensions et l’anxiété.

La détente musculaire : apprendre à relâcher là où on serre depuis trop longtemps.

Le mouvement adapté : dansé, lent, fluide, rythmé… selon les besoins.

La confiance en soi : retrouver la liberté de bouger, malgré la douleur.


Le corps a une mémoire… et il peut aussi réécrire l’histoire


Avec la psychomotricité, on propose au corps de nouvelles expériences positives :

un mouvement qui fait du bien,

un jeu qui reconnecte à la joie,

une relaxation qui calme le système d’alarme.


Petit à petit, le cerveau met à jour la carte : la douleur n’a plus besoin d’occuper tout l’espace.


En résumé


La douleur chronique ne se voit pas toujours, mais elle se vit dans chaque mouvement, chaque hésitation.

La psychomotricité, elle, vient rendre les clés de la maison :

on rouvre les portes,

on rallume les lumières,

et surtout… on réapprend à y vivre, avec douceur et créativité.


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