LA (DYS)PROSODIE : Quand notre voix joue de la musique… ou pas !
Imaginez un instant que notre voix soit un instrument de musique. Quand on parle, ce n’est pas juste une suite de mots, c’est aussi une mélodie : il y a des notes qui montent, des notes qui descendent, un rythme qui accélère ou qui ralentit, et même des silences bien placés. Cette “musique de la parole”, c’est ce qu’on appelle la prosodie.
Mais parfois, cette petite musique déraille… et c’est là que les troubles de la prosodie apparaissent.
C’est quoi exactement la prosodie ?
La prosodie, c’est tout ce qui donne vie à notre parole :
• L’intonation : Est-ce qu’on parle sur un ton joyeux, interrogatif, triste ?
• Le rythme : Est-ce qu’on parle vite, lentement, en s’arrêtant aux bons endroits ?
• L’accentuation : Quels mots on met en valeur dans une phrase ?
• Le volume : Est-ce qu’on parle fort ou doucement ?
Bref, c’est un peu la bande-son de nos mots, ce qui permet aux autres de comprendre nos émotions, nos intentions, et le sens caché derrière nos phrases.
Imaginez un robot qui dirait :
“Je suis content de te voir.”
sur le même ton qu’il dirait :
“Je suis très triste.”
Difficile de savoir ce qu’il ressent, non ? Eh bien, c’est ça, un discours sans prosodie !
Quand la musique déraille : les troubles de la prosodie
Chez certaines personnes, cette petite musique ne fonctionne pas comme prévu :
• La voix reste plate : on ne sait pas si la personne est contente, fâchée, ou si elle pose une question.
• Le rythme est bizarre : soit trop rapide, soit haché comme un robot.
• Les accents tombent mal : on appuie sur les mauvais mots, ce qui rend la phrase difficile à comprendre.
Mais qui est concerné ?
Les troubles de la prosodie peuvent toucher :
• Les enfants avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA), pour qui les émotions dans la voix sont difficiles à exprimer et à comprendre.
• Les enfants avec un trouble du langage (dysphasie), qui peinent à donner du rythme à leurs phrases.
• Les personnes après un AVC, qui peuvent perdre cette “musique” suite à une lésion cérébrale.
• Les personnes avec un trouble neurologique (comme la maladie de Parkinson), dont la voix devient monotone.
Pourquoi c’est si important ?
Imaginez un monde où :
• Vous dites “Je t’aime” et l’autre ne comprend pas si vous êtes sincère ou si vous plaisantez…
• Vous posez une question et personne ne répond, car vous n’avez pas monté la voix à la fin…
• On pense que vous êtes en colère alors que vous êtes juste fatigué…
Sans prosodie, notre voix perd son pouvoir de communication.
Comment aider un enfant avec un trouble de la prosodie ?
Voici quelques pistes ludiques et concrètes :
1. Jouer avec la voix
• Faire le robot (voix plate) puis faire le clown (voix exagérée) pour ressentir la différence.
• Imiter des personnages : le loup, la princesse, le pirate… chacun avec une voix différente !
2. Chanter des comptines
• Les chansons aident à sentir le rythme et l’intonation.
• Varier les vitesses : rapide, lent, en chuchotant, en criant (dans le respect des oreilles bien sûr !).
3. Jeux de mimes avec la voix
• Deviner une émotion juste en entendant une phrase dite avec cette émotion :
“Je vais à l’école” en étant triste, content, fâché, apeuré…
4. Utiliser des supports visuels
• Associer un dessin de vague à une phrase : quand la voix monte, la vague monte, quand la voix descend, la vague descend.
5. Histoires à jouer
• Lire une petite histoire et demander :
“Comment dirait le personnage cette phrase ? En colère ? Triste ? Heureux ?”
En conclusion : la prosodie, c’est un super-pouvoir de la parole !
Sans elle, nos mots sont nus, nos émotions sont invisibles. Aider un enfant (ou un adulte) à retrouver cette petite musique, c’est lui redonner la clé pour mieux se faire comprendre et mieux comprendre les autres. Mais essayons de comprendre ce qu'un trouble de la voix peut entrainer;
La dysprosodie : Quand la voix perd ses couleurs
Ferme les yeux et imagine que chaque voix est un arc-en-ciel : il y a des sons graves, aigus, des montées, des descentes, des rythmes rapides ou lents… Tout ça, c’est la prosodie : la “musique” de notre langage.
Mais parfois, cet arc-en-ciel se décolore. La voix devient plate comme une ligne droite, ou au contraire, elle fait des vagues bizarres, inattendues… C’est ce qu’on appelle la dysprosodie !
C’est quoi, la dysprosodie ?
La dysprosodie, c’est un trouble de la prosodie, c’est-à-dire un problème pour mettre de la mélodie, du rythme et de l’intensité dans la parole.
Résultat ? La personne parle d’une manière qui peut sembler étrange, monotone, ou difficile à comprendre.
Imagine…
• Un enfant qui dit “J’ai eu une super surprise aujourd’hui.” mais sur un ton neutre, plat, comme s’il racontait la météo.
• Un adulte qui pose une question, mais sans monter la voix à la fin, alors on ne comprend pas que c’est une question.
• Quelqu’un qui met des accents sur les mauvais mots :
“JE vais à l’école.” au lieu de “Je vais à L’ÉCOLE.”
Tu vois ? C’est comme écouter une chanson sans rythme ni mélodie, on a du mal à suivre !
Quelles sont les causes de la dysprosodie ?
La dysprosodie peut apparaître à tout âge et pour différentes raisons :
• Troubles neurologiques (AVC, traumatismes crâniens, maladies comme Parkinson).
• Troubles du spectre de l’autisme (TSA) : difficulté à moduler la voix, à exprimer les émotions vocalement.
• Troubles du langage (dysphasie) : difficultés à coordonner les sons, le rythme.
• Troubles moteurs (dyspraxie, paralysie cérébrale) : la bouche, la langue, le souffle ne suivent pas bien.
Pourquoi c’est un problème ?
Parce que la prosodie, c’est la clé de la communication vivante :
• C’est ce qui fait qu’on comprend si quelqu’un est heureux ou triste.
• C’est ce qui nous permet de faire la différence entre une question et une affirmation.
• C’est ce qui donne du sens caché derrière les mots (l’ironie, la surprise…).
Sans prosodie, ou avec une prosodie bizarre, la communication devient un vrai casse-tête pour celui qui parle et pour celui qui écoute.
Comment repérer la dysprosodie ?
Voici quelques signes qui peuvent alerter :
• Voix plate : toujours le même ton, peu importe l’émotion.
• Mauvais accentuation : appuie sur des mots inattendus.
• Rythme saccadé : parle en “morceaux”, de façon hachée.
• Volume inadapté : parle trop fort ou trop bas.
• Difficulté à changer d’intonation : une question sonne comme une affirmation.
Comment aider une personne avec une dysprosodie ?
1. Le jeu des émotions vocales
On s’amuse à dire la même phrase en changeant d’émotion :
“Je vais à l’école.” — content, triste, en colère, apeuré.
On peut deviner quelle émotion l’autre essaie de montrer !
2. Les montagnes russes de la voix
• Imaginer une petite voiture qui monte et descend sur un circuit.
• Quand la voiture monte, la voix monte. Quand elle descend, la voix descend.
• Super pour apprendre à moduler l’intonation.
3. Le chef d’orchestre
• L’enfant (ou l’adulte) est le “musicien” et suit les consignes du “chef” :
“Parle plus fort !” / “Parle plus vite !” / “Chuchote !”
• On s’amuse à changer la voix comme on jouerait avec un instrument.
4. Lecture théâtrale
• Choisir une petite histoire, et lire avec exagération :
“Le loup arrive tout doucement… puis CRIE très fort !”
• On peut même mimer pour mieux sentir le rythme et l’intensité.
5. Utiliser des outils visuels
• Dessiner des lignes ondulées pour montrer quand la voix doit monter ou descendre.
• Feu vert / feu rouge : feu vert = on parle vite, feu rouge = on ralentit.
Un petit mot pour finir…
La dysprosodie, c’est un peu comme une chanson dont on aurait perdu la partition. Mais avec un peu de jeu, de patience et d’accompagnement, on peut réécrire la mélodie des mots et redonner des couleurs à la voix.
Parce que la parole, ce n’est pas qu’un enchaînement de mots : c’est une danse, une musique, un arc-en-ciel d’émotions. Et tout le monde mérite d’avoir une voix qui chante !
Alors, prêt à remettre un peu de musique dans les mots ?
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